Coup de balai
C’est encore une fois le balai à la main que les choses redémarrent.
Difficile de faire front aux médicaments, il me manque la petite étincelle d’allumage pour me mettre au travail. Il me manque l’énergie.
Un projet d’exposition avec l’ami Lukas me pousse un peu aux fesses. J’ai commencé de nouvelles pièces, loin de celles que j’imaginais faire. Mais c’est souvent comme ça que ça se passe : le travail pousse le travail et les projets varient malgré moi. C’est seulement après, une fois mis en forme, qu’ils trouvent leurs voies propres, qu’en partie ils m’échappent… pour le meilleur et parfois pour le pire.
J’écris ces quelques lignes devant la porte de la psychologue qui m’aide à affronter ce tumulte et une fois entré, elle me dit que le deuil consiste à remplacer ce qui était par ce qui sera.
Je rentre à l’atelier et continue le ménage ; enlever toutes traces laissées par les anciennes tentatives pour faire de la place aux nouvelles.
Après l’atelier de modelage il faudra nettoyer la salle d’émaillage et celle de cuissons. Tant de pièces échouées qui trainent et tant de gamelles dont les mixtures ont perdu toute appellation.
Casser, casser encore pour respirer.
Faire de la place et retrouver enfin l’énergie nécessaire.
Le trop plein de l’atelier me rebutait au point que j’avais du mal à y revenir.
J’éprouve maintenant une sensation de vide qui me fait du bien.
Reste à faire, reste à essayer… combien de fois me le serais-je dit ?