dernières cuissons

24 nov. 12
Voici quelques jours que je mène mes cuissons,

 et petit à petit les résultats apparaissent. Il y a comme une "spécialisation" des jours autour des fours, pendant lesquels je ne fais rien d'autre à l'atelier. Cuire, regarder, recuire et essayer de voir vraiment ce qui s'est passé.  Il faut du temps, du travail, de l"expérience et des expérimentations pour découvrir de nouvelles rives …si petites soient -elles. À chaque fois, ça recommence de la même façon : je reprends ce que je sais faire, même si ce savoir ne fut acquis qu'aux dernières tentatives. Je repars, à peu près, de là où j'étais arrivé. Des fois même, un peu avant, oubliant les résultats obtenus aux cuissons passées … pas assez inscrits dans la mémoire de mes gestes. Puis le mécontentement arrive rapidement, l'insatisfaction. Je ne sais pas bien d'où ça vient. Mais je supporte assez mal de refaire ce que j'ai déjà fait (trahison personnelle dont personne ne se rendrait compte ), alors je tente de petites choses.  Mais tout ceci demande du temps, et la remise en question des résultats passés. La remise en questions de mes attentes aussi.  Du temps et du travail pour trouver ce qui pourrait changer dans mes façons de faire et qui provoquerait des résultats non-encore entrevus, de nouvelles transformations.  Du temps, du travail et une certaine disponibilité. Le plus étonnant pour moi étant qu'il faut, pour que je prenne les décisions, que je sois prêt à les prendre …  et d'un coup, ce qui me paraissait  à peine envisageable devient facile. Je n'entrevois même plus, pendant un certain temps, de faire autrement. Alors je ralentis le rythme des cuissons (en faire peu , mais le faire).  Je cuis les pièces une par une, cherchant à chaque fois à aller au bout des possibilités qu'elles m'offrent, pour ne pas retomber dans l'habitude si vite installée. L'exploration demande une acuité constante, une attention particulière pour ne pas se vautrer dans un confort qui serait déplacé. Je ne suis lié par aucune idée de production à assurer, il y a donc juste à garder la tension, garder active  la densité des jours à l'atelier.