en somme

29 apr. 23

Dépots de cendres

Nous avons perdu la mamie, il y a quelques semaines et ses cendres sont maintenant déposées dans une de mes urnes. Ce travail trouve là encore, une réalité affective qui pourrait suffire à le justifier. Faire des pots peut prendre en compte cette gravité. Ce fut le cas pour l’installation « Akeldama- l’atelier » et c’est certainement ce qui a poussé cette dame à venir me demander que les cendres de son mari et les siennes soient déposées dans un de mes pots. Une demande importante, incontournable qui prit la forme d’une discussion légère et amicale autour de notre disparition. Un échange plutôt joyeux au milieu de l’installation. Ces questions me poussent à continuer avec beaucoup d’envie. J’ai la sensation que je touche là, un nœud de notre histoire… La raison peut-être de tout mon engagement dans ce métier?

Je rentre donc à l’atelier au milieu duquel repose un tas de terre de 75 Kg. Mon poids en terre qui a servi lors de la dernière performance au DOC. Je vais reprendre ce tas et en faire un ensemble de pots qui seront cuits engobés et émaillés. Ce sera une façon de rendre hommage aux potiers de Ger qui organisaient tout leur travail autour des 120 Kg de terre constituant la somme transportée des carrières par les chevaux (°). Ma somme à moi sera donc de 75 Kg et je commencerai comme ils le firent par définir le dizain (le dixième du poids.). Les engobes seront très ferreux et les émaux, noirs. J’ai approché ce travail sur le pot que j’ai façonné pour le film de Laurent Ménochet « naisse la forme – un pot ». Trois cuissons de couleurs furent nécessaires pour développer la complexité des jeux entre le fer et le noir. Je vais reprendre tout ça, revenant aussi sur certains bols faits en 2021. Trouver les jeux entre les brillances et les mats des engobes. Tenter encore une fois de faire mes pots. La qualité des couleurs de l’engobe au fer dépend du déroulement de la cuisson qui doit être rapide, oxydante et ne pas dépasser les 1000°. Sinon, tout est brûlé et illisible. L’émail lui, en dernière cuisson, doit être posé très épais pour s’étaler en crème.
L’ensemble s’intitulera le plus simplement possible : la somme-noir

(°) voir l'article intitulé "la confrérie" du 15 decembre 2021