Je cuis

20 dec. 25

C’est toujours un peu dur de m’y mettre,

mais, aujourd’hui comme avant-hier, le petit four est en marche.
Le temps dehors est mou. 10°c. Trop chaud pour la saison, idéal pour le four.
Pas de vent.
Je reste à l’atelier près du poêle à pétrole. J’ai toujours deux ou trois bouquins à portée de la main… des petits intermèdes.
80 fleurs de Zukovsky acheté en Alsace et toujours William Carlos Williams…
J’ai repris le travail sur les superpositions d’émail noir sur fond d’engobe au fer. Il me restait quelques pots déjà biscuités et prêts à émailler. Je voulais continuer cette série avant de la présenter chez Alain, à l’atelier du champfleury.

Le soir tombe doucement. Le noir envahit la surface de la porte-fenêtre. L’atelier est allumé résistant à la nuit.
Tout est silencieux. Le manque de vent est presque inquiétant ici, comme s’il manquait une dimension à l’espace. Comme si tout allait s’arrêter.
La cuisson pourtant, sous ses airs de faux calme, est plutôt brutale : 1h30 pour atteindre 1000°c. mais la terre est rude, solide et l’émail dans l’épaisseur commence à luire.
Le merle crie en allant se coucher, ouvrant la nuit aux chouettes et aux chauves-souris.

J’attendrai demain pour défourner. Il faut de la lumière pour voir. La question du défournement est bien de voir, mais voir vraiment, au-delà des attentes et des petites satisfactions.
Voir ce qui permettra d’aller un peu plus loin.
Les petits centimètres carrés qui nous disent qu’il faut encore chercher.
Voir à travers les choses, les possibilités d’un autre jour.

image: les indiennes au Poirier qui penche 2024