jours d'automne
Toujours envahi par une constante et irréductible insatisfaction.
J’avance par retours permanents et par remise en cause autant systématique qu’involontaire des résultats obtenus la veille. L’automne est bien là. Les couleurs des arbres ont changé et la lumière sur l’horizon baisse de plus en plus. Il y a quelques années, j’avais marqué sur le mur de l’atelier: ”violentes lumières d’octobre”. Je revois tous les ans ce bout de papier. Tous les ans je retrouve cette violence du soleil déjà bas, mais encore si présent. Octobre est le mois des changements de rythme, changements d’heure, de température, de couleurs et passage de l’atelier en mode ”hiver”. Le auvent est refermé et désormais je tiens compte de la météo avant de sortir le petit four de cuisson. Et je continue dans cet éternel balancement: égrenage des saisons. … ceramique, dessin, et quelques mots et re-dessin … rien que de très banal finalement, mais un banal réitéré, toujours repris jour après jour … que faire de nos journées si ce n’est que de faire ce qu’on ne peut pas dire? et relire ainsi tout le contenu de nos histoires anciennes, remettre à jour le jadis, pour éclairer le présent d’un sens qui, s’il est rabâché n’a pour autant jamais été réellement élucidé. Que faire de nos jours si ce n’est ré-écrire ce qu’on ne peut pas faire? Ce ne sont pas les dessins qui m’importent, mais le fait de dessiner. Ce ne sont pas les sculptures qui m’intéressent, mais le fait de travailler. Le résultat ne sert qu’à entretenir l’insatisfaction … entretenir la frustration, mais aussi entretenir le désir et tenter de parfaire, tenter de refaire … recommencer dans cet éternel balancement pendulaire… peut-être juste pour s’en échapper?… se perdre, alors, dans la réalité des jours.