la confrérie

15 dec. 21

Une journée au musée de Ger avec Lukas Richarz.

Toute la production des potiers de Ger (50) était axée autour du pot comptable. Cette unité utilisée depuis le moyen-âge définira les droits et devoirs de la confrérie des potiers jusqu’au XIX ème siècle.

Au départ il y a la motte. C’est la quantité de terre que les ouvriers carriers arrachaient, à la houe sur le front de taille de la fosse. Une motte pèse à peu près vingt kilos. Il faut six mottes pour faire une somme (entre 120 et 130 Kg). La somme est la charge d’un cheval de travail (bête de somme). Les chevaux transportaient la terre vers les ateliers de poterie situés à 15 Km des carrières.
Dans une somme on pouvait faire dix dizains, pots à beurre de grand volume considéré comme le pot étalon de toute la production.
A partir de la somme étaient fabriqués : les dizains 12Kg, les vingtains (un vingtième de la somme soit 6kg), les trentains (4kg), les barattes (3Kg) et les terrines 1,5Kg. Avec une somme on pouvait donc faire 12 pots à beurre (vingtains) + 5 terrines + 6 bouteilles + 2 grands pichets + 12 pichets (pintes) + 1 baratte.
Toute l’organisation sociale de la confrérie des potiers était déployée à partir de cette règle : la reconnaissance du pot étalon. Un des ces dizains est conservé au musée de Ger.
La forme et les volumes étaient donc définis par le poids de terre utilisé, le poids de terre arraché au sous-sol. La quantité de terre enlevée à la Terre-mère.
Le rapport à la nature n’est jamais bien loin de nos occupations - si industrielles paraissent-elles - et les potiers de Ger n’avaient rien à envier aux potières africaines en matière de mythes et d’organisation sociale.
Tout semblait pourtant sévère, la dureté du travail, l'obeissence au patron : le maître. Pas un visage ne sourit sur les rares photographies. Ils ont tous là, plantés dans leurs sabots, dans la terre des carrières où au mileu de la cour.
On oublie les souffrances quand on regarde les pots. On oublie que la vie était dure à gagner tellement ils nous parlent de plénitude. Tellement ces pots nous mettent face au monde.

Image: détail d'une carte postale montrant l'extraction à la houe dans la carrière de Saint-Gilles-des-marais.
Tous ces renseignements ainsi que l'image, sont tirés de l’ouvrage « Potiers de Ger » collectif edition OREP 2017
que l’on peut trouver au musée de la poterie-centre de création de Ger