1% décati
le projet : un mur végétal de Patrick Blanc, un système de circulation d'eau que je ne verrai pas fonctionner, une mare : " la bulle écologique". Au second, le mur mort s'affichant dans une tristesse absolue. Cet ensemble constituait visiblement le 1% de l'extension du lycée Jean Rostant à Caen. Il n'est pas question de critiquer la qualité artistique de ce projet. Ce qui me met en rogne, c'est l'absurdité de cette situation. Ce projet comme bien d'autres ( le bas relief de Derval à caen ou les céramiques de Y Guégan à Villers bocage etc) a été voué, dès sa mise en place, à une lente et irrémédiable disparition, faute d'entretien. Le manque de réflexion sur le choix et la mise en place de ces œuvres est flagrant. L'idée de la conservation nécessaire aux œuvres d'art de ce type est contraire à l'idée même de la constante transformation inhérente aux lieux d'enseignement. Tout y bouge constamment, y compris les gens qui y travaillent et personne n'est réellement responsable de l'entretien. Ont-ils déjà l'idée que ça s'entretienne? Il y a trois ans, lorsqu'avec Jacques Morhaïm nous avions parlé de cette réalité, on nous avait rétorqué que c'était faux et que les œuvres sont en bon état. La loi sur le 1% obligatoire a ouvert un tel marché qu'on ne peut même plus la remettre en cause. Ce n'est pas la loi que je critique, mais le choix des oeuvres souvent sans relations directes avec les lieux où elles se situent. Je persiste à dire qu'il faut des ateliers dans les écoles, des lieux de résidences qui feraient se rencontrer élèves et artistes ; qui feraient que les élèves pourraient comprendre comment se construisent les démarches artistiques étant confrontés à des personnes et non pas à des sculptures péremptoires dont on oublie bien souvent le nom des auteurs. Les élèves sont avides de rencontres, les établissements scolaires servent à ça …pas à conserver des œuvres d'art ! Les choix d'œuvres, s'il en faut, devraient être fait en connaissance de cause. Les artistes pourraient être impliqués dans le projet du bâtiment lui même, en relation avec tous les acteurs du chantier, comme ce fut le cas pour le travail que j'ai réalisé avec Jean Lautrey à la condition publique de Roubaix. Ça éviterait de devoir construire des murs juste pour y appliquer une œuvre comme ici (quelle bizarrerie quand même !), et ça concernerait certainement davantage les usagers du lieu. Nous allons travailler dans ce lycée, nous(*) allons y présenter notre travail et passer du temps avec quelques élèves. je suis persuadé que ce partage aura plus d'impact dans nos vie et dans les leurs qu'une oeuvre vieillissante renvoyant l'image d'un désintérêt général.
(*) nous, c'est Deborah Lennie-Bisson, Sophie Distefano,Patrice grente, Bernard Legay et moi même