De la présence
Plein temps au jardin
le temps de mettre en place les cultures de printemps. Tout est organisé pour survivre. Le brouhaha incessant du monde incite à se terrer, à s’isoler au bout du chemin et refermer derrière soi la barrière. Tout est fait ici, pour tenir quoi qu’il arrive. Pour me protéger, essayant de me contenter de ce que je comprends.
Le travail à l’atelier s’est pour un temps éloigné. Me permettant de recharger un peu les batteries pour pouvoir y trouver l’énergie nécessaire à la suite. C’est dans la terre que je trouve ce qui me servira de carburant, dans le sol travaillé, recréé pour permettre aux plantes de pousser. "Il faut savoir cultiver son jardin" disait-il! Les pois escaladent les premières rames, s’agrippent, et comme les sculptures essayent inlassablement de rejoindre le ciel. La vie entière dans cet effort d’élévation. Pas de répits, pas de halte, chaque moment contribue à l’approche de l’utopique but. Habiter l’espace serait le contraire de l’occuper. Ce serait l’éprouver de tout le corps d’une présence vitale et nécessaire. Ce serait y dérouler pleinement toutes nos activités sans retenues, sans censure, dans un total acharnement. L’accumulation des gestes permet d’être au jardin comme je suis à l’atelier. Je ne sais pas si j’y travaille, mais je sais que j’y suis. Entièrement. Et tous les résultats ne dépendent que de la capacité à s'extraire du reste.