début de confinement
Qu’est-ce que ça change finalement?
Nous sommes confinés, contraints de rester chez nous. Pourquoi sortir ? Pourquoi faudrait-il aller voir ailleurs ? Nous restons donc, occupés comme d’habitude aux travaux quotidiens. Les animaux, les champs et l’atelier. Éloignés c’est vrai, un peu plus de ceux qu’on aime, et c’est peut-être ça, la réelle contrainte ? Car sinon les journées se passent aujourd’hui comme hier. La vie rurale a ça, qu’elle ne varie pas sur une décision du gouvernement. Nous sommes à l’heure des bêtes et des plantes. Obligés par le choix qu’on a fait de se lever pour les servir puisque domestiquées, elles ne peuvent sans nous, subvenir à leurs besoins. Il faut nourrir les unes, arroser les autres. Veiller sur elles comme sur nos proches. Et ça, tous les jours.
Le printemps se réveille. Les oiseaux sont très présents dans la campagne. Peut-être en a-t-on plus conscience cette année du fait que nous sommes obligés de partager le même territoire. Nous redevenons animaux sédentaires. Est-ce là la marque du sentiment d’éloignement qui se fait peu à peu ressentir ? Nous nous séparons des humains. Le chemin qui mène à la maison se fait de plus en plus long. Même la factrice ne descend quasiment plus. Le mètre étalon n’était, en fait, pas si fixé que ça. La mesure est aussi affaire de menace. On s’enfonce peu à peu, on s’éloigne, on se recroqueville. Le temps aussi s’étire. La priorité est de tenir. La justesse de nos choix de vie ne se pose plus. « Deviens ce que tu es » que faire d’autre ? Que faire de ce temps sans urgence. Nous savons ces deux mois entre parenthèses. Suffiront-ils à changer la donne ? L’atelier a toujours été un refuge, pas seulement contre les virus. Le travail lui-même est un refuge. Alors, comme souvent en temps de crise, je refais des pots. Sans réfléchir, sans savoir ce qu’ils deviendront. Je les fais comme je les ai toujours fait… depuis dix mille ans.
image: défournement avril 2020