Dernier lieu
C’est juste une mise en forme de la fraternité.
Le partage d’un sentiment profond.
Celui d’être du même groupe, de la même famille quelles qu’en soient les limites. Il s’agit de faire corps, de partager les rituels, pour ensemble faire face au drame.
On ne laisse pas nos morts traîner. On ne les laisse surtout pas dans des boites immondes témoins du goût de chiottes dominant les affaires funéraires. Comment sont-ils capables de ça? La mort vaut bien mieux. On parle ici de dernière demeure. Alors, il convient de faire que cette ultime maison soit un peu agréable.
Grave mais agréable.
Grave et joyeuse à la fois.
La contrainte, c’est le volume : 3l / 3,5 l, suivant la corpulence. Un rappel incontournable de ce que fut la vie. Une obligation qui remet l’histoire dans la fabrication simple d’un pot contenant.
Le pot appartient au monde des vivants. L’argile déjà en contient les souvenirs.
Ce pot si bellement façonné
Sur le grand chemin le voici en débris jeté.
Attention ! sur lui ne posez pas le pied :
La carrière d’où vient son argile était une carrière de crânes. (*)
Alors nous continuons à regarder le bleu du ciel et les nuages. Quel temps va-t-il donc faire demain?
Nous parlerons encore des fleurs et des naissances des hiboux survenues cette année.
Nous parlerons toujours de ce qu’est notre vie que contiendra ce pot, si bancal, si joyeux puisse-t-il être.
Nous parlerons de la poussière. Terre, cendres et feu.
Tous les pots témoignent de la vie… les urnes peut-être un peu plus ?
Image : urne pour J.L. 2021
(*) Poème d’Omar Khayam (1048-1131) extrait de « Rubayat » traduction d’Armand Robin- Gallimard 1994