dix ans déjà
L’occasion d'aller revisiter la Condition Publique après dix ans. Le mur de briques n’a pas bougé. Je craignais quelques impacts de chaux dus au mauvais broyage de la terre, mais visiblement il n’y en a pas … Ou du moins, ne sont-ils pas visibles. Ce chantier a été un vrai bouleversement dans mon travail. J’y ai pour la première fois émaillé des briques, ce qui depuis est devenu, pour moi, une pratique régulière. Pour ce mur, l’émail n’était présent que sur un ou deux côtés des briques (boutisse et panneresse). Par la suite, j’ai émaillé tous les côtés à l’exception d’un des deux lits pour obtenir un vrai pain de couleur et sortir ainsi de la tradition des briques vernissées, tout en y faisant allusion. Il y a sur le mur, si je me souviens bien, une quarantaine de nuances d’émail différentes. Et la qualité particulière des briques de Leers (briqueterie du nord) rend les matières très intéressantes. La terre est très chargée en sable, qui transparait sous les glaçures. je n'ai jamais retrouvé ce grain. Les brqiues que je travaille maintenant (briqueterie Lagrive à Glos (14) ) sont beaucoup plus lisses et plus chargées en argile. Mais au delà même des briques, c’est tout le déroulement de ce chantier qui aura été important. Patrick Bouchain, architecte, a mené là une expérience tout à fait singulière dont l’intelligence fait que je ne peux plus voir d’autres architectures sans me poser la question de l’utilisation des bâtiments construits. A la condition publique, quelques détails ont changé en dix ans : ils ont repeint les murs du bar d’un rouge plus foncé, moins vermillon. Le manque de lumière fait que je ne peux juger de la pertinence de ce choix … on verra en mars. Mais tout le reste de la réhabilitation tient. J'ai eu plaisir à revoir la grande salle avec la verriere (même si les couleurs sont passées) et l'escalier suspendu en bois de charpente qui mène à la technique de la salle de spectacle Quand nous avons visité il y avait des enfants dans le lieu ... la dernière fois que j'y ai traîné, c'était encore des ouvriers.