la cause commune

12 nov. 14
"cause commune 02" vient d’avoir lieu


au "ieu sans qualités". Rassemblement de quelques artistes autour de l’idée qu'une cause commune sera toujours au-delà de nos propres causes. La théorie du Holisme si importante pour Beranrd Legay (instigateur du projet) et pour quelques uns d’entre nous est à l’origine de cet évènement dans lequel la présentation des oeuvres côte à côte, tente à montrer qu’il nait de tout ça l’image d’une résistance globale au monde qui nous entoure.
Je voulais à cette occasion lire tous les jours des textes croisés … d’une part quelques extraits du livre de Soetsu Yannagi ” artisan et inconnu”, et d’autre part des pages de mon journal. Montrer comme il est nécessaire de toujours revenir à nos propres préoccupations de travail et tenter de voir comment ces sujets peuvent devenir universels. Très peu de gens, autour de moi,  connaissaient Soetsu Yanagi. Et encore moins le mouvement Mingei dont je ne dis pas grand chose. Mais il me semblait qu'à travers ces textes, je pouvais montrer à quel point les questions sont transversales et peuvent être posées d’une pratique à l’autre. Qu’ il s’agisse des reflexions sur l’esthetique de l’irrégularité ou du rapport à la nature … en passant par des points de vue plus politiques sur l’effondrement de l’artisanat provoqué par l’arrivée du capitalisme … voire des points de vue beaucoup plus resserré autour de la poterie et de son histoire, tout ça était mis en relation avec ce que régulièrement j’écris … façon de dire que nous nous posons toujours les mêmes questions et qu’elles constituent finalement la trame de notre travail. Il fallait dire aussi que tout n’est pas possible et que l’engagement artistique nécessite un certain retrait du monde … la conscience politique devrait m’amener à des luttes plus ouvertes et plus revendicatives … mais ça se ferait au détriment du travail engagé qui dans sa forme est ou tente d’être subversif. Il y a dans tous les textes de Soetsu Yanagi l’idée de l’éffacement de l’auteur … l’effacement de la signature, le retrait … pour que les pièces accèdent à une certaine autonomie au-delà de tout concept. Je ressens ça devant le travail de quelques ceramistes qui me touchent … (Hervé Rousseau ou Camille Virot par exemple, mais aussi devant celui de Bernard  Legay ) et leurs pièces dépassent de loin tous les commentaires qu’on peut en faire … et dépassent même l’idée qu’elle naitraient d’un quelconque commentaire du monde. C’est -je crois- ce que Soetsu Yanagi nous dit lorsqu’il écrit; qu’”il faut chercher la liberté dans l’œuvre qui naît spontanément lorsqu’on se confie aux matériaux et aux outils”.
Tout se joue entre la conscience du collectif qui me pousse vers les autres et l’aspiration à l’ermitage qui me ferait rentrer dans ma coquille, mais concentrerait toute l’énergie sur le travail. J’apprends toujours beaucoup plus sur la révolte et la résistance, de certaines oeuvres d’art ( pourvu qu’elles portent ces idées et qu’elles ne soient d’aucune manière académiques), que de n’importe quel discours politique. Car au-delà de la question de l’autre et du collectif, elles me renvoient aussi aux problèmes liés aux doutes les plus intimes. C’est ce rapport de l’individu au groupe et donc de l'artiste face à la société, qui pose toujours question : quelle place tenir et à quel prix?