le broyeur de chamotte
je repensais à cette image prise il y a dix ans à Bat Trang près d'HanoÏ (Vietnam). Catherine et moi avions alors été surpris de découvrir, au fond d'une cour du village, ce broyeur à Chamotte fait à partir d'un motoculteur. Le moteur entraine un petit cylindre garni de marteaux en bas d'une trémie et les vibrations produites suffisent à actionner les cribles qui trient les grains sortant. Le fabricant de chamotte se déplace d'atelier en atelier proposant ses services. Il passe au moulin les objets que les potiers stockent sur le trottoir. La chamotte ici ne sert pas à la confection des poteries, mais à celle des cazettes de cuisson et au mélange d'argile et de poussier de charbon qui servira à alimenter le four. C'est d'ailleurs le plus souvent ce qui reste de ces "boulets" après les cuissons, et les anciennes cazettes, qui sont ainsi broyés … mais qu'est ce qui fait que cette activité a généralement disparue de nos pratiques? Pour l'atelier, j'ai choisi de faire un pilon en fonte de 20Kg qui me permet de concasser les pièces que je ne finis pas et celle qu' au bout d'un moment, je considère comme inintéressantes. C'est une façon de revendiquer le recyclage toujours possible des terres cuites, et de charger ainsi les pièces nouvelles d'un peu d'histoire de l'atelier. Il est possible bien sûr, d'acheter la terre chamottée toute prête, présentée sous plastique en deux pains serrés comme des poissons panés! Mais faire ce choix nous éloignent du sens particulier qui, prenant sa source dans sa matière première, devrait émaner de chaque pièce. Les matériaux "tout-prêts" , sont aussi "tous-les-mêmes"! J'ai déjà croisé des étudiants qui n'avaient aucune idée de ce qu'était cette chamotte qui donne du grain à la terre. Un peu comme ces enfants qui ne comprennent pas que le poisson pané est d'abord du poisson!