le temps du dessin
ou plus exactement quand je dessine, le temps semble diffèrent ... il est dense et "freiné". Tout est retenu. Les gestes ne peuvent accélérer car alors, le dessin quitte cette relation particulière à l'espace que je cherche … Il se brouille et se perd dans dans une homogénéité inintéressante … Le ralenti, la retenue permet l'irrégularité du trait et tout devient plus mouvant plus accidenté, plus surprenant parfois. Debout devant la feuille, je sais que le dessin est déjà là. Je le devine, je le vois en fait, et il faut l'attraper, le "catcher ". Mais je n'y arrive que très rarement . Emportée par l'envie, la main s'accélère. Tout va alors trop vite et le dessin échappe. Je dois alors renoncer au rêve. Il y a là quelque chose de contraire au temps du modelage qui se construit petit à petit. Le dessin est affaire d'instant, de vision, de prescience. Le modelage est affaire de chantier, de mise en œuvre et de digression. La main décide, tente, risque et le temps s'y étire, s'y répète dans la conscience des jours . La plupart des modelages sont construits sur plusieurs jours. Le dessin, lui, est d'un seul élan, sans repentir.