les ateliers populaires

21 dec. 14
Il y a quand même des choses qui durent!
l'atelier de céramique du centre d’art d’Amiens situé au sein du  "Safran" continue à faire le plein de participants. Sans aucun à priori, adultes et enfants de toutes origines sociales et ethniques trouvent ici un terrain partagé, avec comme seule préoccupation: faire de la céramique. Créé par Bernadette Lhôte, l’atelier a longtemps été dirigé par Dominique Grain assisté de jean Claude Ortiz-Villa …  partis tous les deux à la retraite, il est actuellement sous la responsabilité d’Aude Berton qui, arrivée en résidence il y a quelques années, le mène maintenant avec beaucoup d’énergie … j’ai fréquenté un atelier de ce type à Champigny/ marne au début des années 70. Le directeur, professeur de céramique, était Claude Poli (l’école porte son nom maintenant). Très respectueux des principes d’éducation populaire, il m’avait alors dispensé de droit d’inscription, m'invitant à venir y travailler quand je voulais, en plus des cours que j’y suivais. J’ai pu avec lui tenter mes toutes premières pièces raku faites à l’epoque dans un four électrique. Beaucoup de mes heures de lycée se sont passées dans cette école. Claude m’a toujours poussé à continuer, et je reste du coup très attaché à ces ateliers.
Je suis intervenu plusieurs fois dans l’atelier du safran … du temps de Dominique d’abord, puis avec Aude, ( la dernière fois étant avec Anne Verdier durant le montage de l’exposition)  et c’est toujours avec joie que je redescends les marches qui mènent à la cave, là où où se trouve l’atelier (peut -être parce qu’on pensait alors que les ateliers de terre se devaient d’être enterrés!). Depuis qu’Aude y travaille, les pièces des élèves se sont considérablement colorées. Elle nous racontait à notre dernière visite, comment découvrant la céramique, elle s’était mise à la couleur partant de son expérience de peintre. Les fours cuisaient à haute température, alors, sans remettre en cause cette ”habitude maison”, elle y a adapté un travail qui pourrait s’apparenter à la faïence. Une façon de faire qui lui fait terminer l’émaillage par des touches de blanc, comme on le ferait avec des pastels… les résultats s’éclairent et se développent alors, dans un univers baroque très singulier. Il en ressort un esprit d’atelier que je ne connais que là bas et la profusion de couleurs et de formes qui apparait dès qu’on entre, nous fait vite oublier qu’on est dans les sous sols… tout devient aérien et joyeux. Le fait qu’Aude ne vienne pas de l’univers de la céramique a apporté beaucoup de légèreté. Il lui a fallu tout inventer de ses techniques et trouver des chemins qu’elle avait envie de partager. Il y a quelque chose de non-conforme et d’inattendu dans cette approche qui en fait toute sa qualité … et qui ne peut que me ravir.