lieu commun
dans ce pavillon typique des "constructions de maçon" des années 75. "Le lieu sans qualités" ouvre sa porte aux premières soirées d'automne … il fait mauvais dehors et la nuit tombe vite. Les lumières froides des lampadaires de la place nous accueillent dans une ambiance blafarde de proche banlieue. Les lumières (plus jaunes) de la maison tiennent du phare : c'est là que ça se passe.
Sophie Distefano et Bernard Legay, habitants du lieu, l'inaugurent naturellement. Ouvrir un lieu à côté des institutions, c'est montrer que les expositions peuvent encore être des lieux d'expérimentations, des lieux de vie où rien n'est assuré, où tout se passe dans la vibration de tentatives incertaines … Les dernières pièces de Bernard abordent les rapprochements entre la peinture et la sculpture. Les toiles deviennent des carapaces s'agrippant au souvenirs nacrés des céladons anciens, cultivant toujours la transparence des bulles d'air. Exposées sur les meubles de la maison, les sculptures se risquent à devenir de précieux objets de décoration. La performance de sophie, réalisée d'un bout à l'autre sur un socle, renvoie aussi à l'univers de la sculpture. La première partie, tout droit sortie des images de la danseuse des boites à musique un peu kitch, me pose elle aussi la question de l'objet décoratif. Finalement, après avoir banni cette question, jugée par beaucoup, trop vulgaire, on y revient sans complexes. Mais sans banalité non plus, mettant toujours en avant la justesse du travail dans un questionnement constant sur sa nécessité et sur la place qu'il pourrait tenir au quotidien.