Représenter, présenter

16 sep. 24

Représenter

Je n’ai jamais écrit sur les sculptures outils produites dans les années 90. Non pas que je n’avais rien à en dire, mais ce travail se situe dans le temps avant que je me préoccupe des mots qui pouvaient l’entourer. Les deux points de départs furent les « abris » et les « bâtons fouisseurs » que je présentais à Châteauroux en 1995 au sein de l’installation « la maison du potier ». Les abris, dans un premier temps, étaient de grandes plaques tenues pas un bout de bois et renvoyaient aux premiers abris de bergers en schistes levés. J’aimais cette sculpture simple d’une plaque de terre et d’un morceau de bois. Très vite, je les ai incurvées pour en faire les houes. J’aimais aussi ce passage de l’abri à l’outil. Les bâtons fouisseurs devinrent des plantoirs et je conjuguais tout ça en installations, y adjoignant les pelles puis les barattes. J’aimais enfin cette idée de faire en terre les outils de la terre. J’y trouvais une puissance magique dans la représentation.
Parallèlement, je fabriquais mes propres outils à l’atelier, ébauchoirs, harpe à couper, aiguilles, pinceaux, moules à briques, tournettes et fours. Tout était prétexte à écrire un monde singulier. Économie de moyens, recherche de sens, singularité de l’écriture.
J’ai reforgé le fer des blockhaus, j’ai taillé les poils de poneys. Je voulais que toutes les matières soient issues de l’environnement proche. Le bois taillé des haies, les galets ramassés au plus loin, sur la plage.
Faire avec ce qu’on a et ne pas croire que les outils seuls résoudraient les questions posées. Il n’est de bon outil qu’une fois tenu, une fois en mains, apportant à la terre un échange plus dur que ne sauraient le faire ni la chair, ni les ongles. Mais c’est bien moi qui les utilise et les guide dans la matière.

Présenter.
Les mirettes
Le feuillard venait d’une vieille caisse, je l’avais ramassé sur le trottoir à Paris près d’une poubelle.
Le bois, lui, vient des haies de la maison (ils auraient dit des raies), cueilli certainement en plein été pour qu’il soit, à ce point, resté appétissant. Des larves s’y sont installées, transformant l’outil en sculpture. Ils deviennent, du coup, plus faciles à manier. Je les utilise toujours occasionnellement.