tout s’efface

23 dec. 15

Le cahier d’atelier entamé au début des années 80 s’efface tranquillement


emportant avec lui les quelques recettes que j’avais alors notées. Peu d’entres elles me servent toujours. N’ayant aucune mémoire des chiffres, je suis obligé d’y revenir sans cesse… mais d’années en années tout devient de plus en plus difficile à décrypter. Je ne note quasiment plus rien en dehors des cuissons extraordinaires dont il me faut garder des traces techniques pour les suivre sans casse. Sinon, les recettes des engobes et émaux sont juste écrites sur les seaux quand je les prépare… puis les écritures se trouvent salies, puis elles s’effacent aussi et refaire les pesées devient un vrai pari. La pratique remplace la mémoire qui a toujours manqué. Pour plus de légèreté, je simplifie au maximum tout ce qui devra être retenu… préférant réfléchir à la façon de poser les différents produits, et garder par les gestes les façons de travailler. La mémoire haptique semble plus ancrée. Je n’ai jamais été intéressé par la chimie même si la transformation des éléments me passionne, je ne cherche pas à l’énoncer, je ne cherche pas à la comprendre par la théorie mais simplement la voir se dérouler sous mes yeux … observer le chaos et non l’organiser.. essayer, déjà, simplement, d’être spectateur… y compris des accidents … mais l’être totalement, consciencieusement.