le dur devoir

07 oct. 16

C’est dur de regarder, c’est dur de voir.

C’est dur de regarder et tenter de décrypter l’œuvre qui se présente à moi, et sur laquelle je me penche un instant … l’oeuvre offerte, mise à jour … mise à l’air, disait-on!. Chercher la façon dont les choses s'y sont construites, y compris dans leurs effacements. C’est dur de percevoir toutes les histoires, y compris les plus éloignées, les plus étranges et les plus inquiétantes. C’est dur d’y voir clair. C’est dur de regarder pour garder en soi l’image la plus complète, la plus complexe de la chose vue. Il faut du temps et chasser les jugements. Il faut une espèce d’acharnement à aller derrière, au fond, voir ce qui ne se montre pas, ce qui se cache mais qui fait que la chose existe. Voir ce que l’on va garder au fond des yeux : Le souvenir laissé par la sensation, l’image fantôme qui revient et nous parle de ce moment passé face au monde, face aux œuvres. Re-garder. c’est dur alors, de se défaire de tous les envahissements, de toutes les choses vues qui m’encombrent les yeux mais les nourrissent aussi. C’est dur de ne pas se laisser tenter par les raccourcis, les vite-vus, vite-pensés. Les vite-appréciés qui ne me ramèneraient qu’à ma propre histoire, à ma propre expérience et la valideraient d’un narcissique faux semblant. C’est dur de voir sans miroir, regarder sans se mirer, observer. Et garder la distance les yeux grand-ouverts, prêts à accueillir les images les plus inattendues, les plus dérangeantes comme les plus banales.

image : tuiles et gravas en sacs. Paris rue du temple le 6 octobre 2016