le seuil de pauvreté

03 jul. 17

Beaucoup de projets se mettent en place autour de mon travail

et finalement je suis de plus en plus pauvre! C’en est fini des temps ou systématiquement les institutions nous invitaient en échange d’une participation à la production ou d’un achat d’œuvre… ça n'aura pas duré longtemps en fait. Il faut maintenant, toujours se battre pour accéder à la récompense (c’est vraiment comme ça que ça apparaît). Il est même de plus en plus courant que ces compensations ne soient même pas envisageables. Alors que faire? Refuser systématiquement les invitations non rémunérées? Ce serait effectivement une solution. Mais je sais qu’elles m’ont toujours boosté dans mon travail, et c’est pour ça que je les accepte. Cette situation que l’on croit propre aux arts plastiques s’est petit à petit étendue aux autres pratiques profitant d’un discours général sur le manque de budget et sur la crise qui nous envahit (une amie écrivain me disait, il y a peu, ne jamais être payée pour les lectures qu’elle fait) … pourtant les institutions culturelles ne tiennent pas ces propos quand elles invitent un artiste plus renommé qui du coup, sert l’image de l’invitant. L’exposition de Guebwiller actuellement en place, résulte de six mois de travail. Il n’est bien sûr pas question de réclamer six mois de rémunération mais il aurait été normal qu’une pièce soit acquise par le musée ou au moins qu’il y ait une publication … je ne l’ai pas négocié et ne dois m’en prendre qu’à moi, mais je regrette quand même que tout ça ne se fasse pas naturellement, car lorsque je suis dans le travail à l'atelier, je ne suis plus en mesure de discuter de tout ça … ça tient simplement à la nature de mon engagement et je ne vois pas comment cela pourrait changer. J’en ai parlé autour de moi pour savoir un peu comment les amis s’y prenaient … tous me disent leur difficulté. Jean-Pierre Viot me répond: ”tu sais les artistes plus connus ont des aides-soignantes qui s’occupent de ça à leur place!” j’attendrai donc encore un peu que mon état s’aggrave!
ça rejoint la réponse que j'ai pu faire à ma banquière qui s'étonnait du fait que j'e n'avais pas de projets de vacances ... un seul projet m'occupe lui disais-je: "Rester vivant!"

image: "sans titre" 21 x 10 x h:21cm