les poignées de mains

28 jan. 14
Il se lève de sa chaise,

me montrant ainsi toute l’importance du geste à venir. Un peu de bave, les yeux qui pleurent et les mots qui ne peuvent sortir (j'imagine qu'ils ne sortent plus depuis longtemps). Le regard un peu exorbité est chargé d’une émotion incontrôlable qu’il ne cache pas. On se serre la main … les yeux dans les yeux … suffisamment de temps pour que la terre s'imprègne de cet évènement. Quelques borborygmes et un fort tremblement me disent qu’il y a longtemps certainement qu’il ne s’est pas trouvé dans un rapport d’égalité … entre hommes … juste à se serrer la main  pour se reconnaître. Pour se dire qu’au delà de toute l’histoire, nous nous serons simplement croisés, et nous nous serons un instant, considérés comme étant du même monde.
Je viens de vivre cette expérience d’une puissance inouïe, dans un hôpital où je recommençais une série des poignées de mains, à la demande de François Epiard … Il avait pressenti toute la force que pourrait avoir cette action auprès de ces personnes ; et donc m’a demandé de me joindre à lui. J’en ressors bouleversé, mais sûr aussi de la justesse de ce travail.
Pourquoi ai je arrêté un moment de faire ces collections ?  Je sais aujourd’hui qu’il faut que je les reprenne.