à mesure d'homme
E je trouve enfin le plaisir de le voir en grand écran. L’image s’y développe dans toutes ses qualités … des images parfois flottantes, parfois surexposées, parfois hésitantes. En tout cas très brutes comme peuvent, aussi parfois, l’être mes pièces. Le son aussi prend toute sa dimension. Un son d’ambiance simplement présent, sans apports, sans tricheries, mais toujours précis relevant ça et là, la complexité de la campagne. Difficile d’en parler autrement que de dire que ce film ne ment pas. Qu’il montre vraiment le temps et la lumière, qu’il montre vraiment (ce que JB relevait apres la projection) la dualité qui règne entre l’angoisse à l’atelier et la sérénité du paysage et des animaux. L’ordre des choses et le chaos de la pensée.
Pas sûr que j’aime ces échanges sur le vif, après la projection … qui entretiennent un état que le public n'a pas envie de quitter … on voit bien qu'ils veulent rester encore un peu avec nous. Assis dans les fauteuils. Il faudrait pourtant se taire … laisser les images résonner en nous, laisser les paroles s’éloigner tranquillement. Mais le silence dérange! Alors, on parle de ce qui manque ; c’est plus facile ! plus facile que de parler de ce qu’on voit et qui ferait prendre position. On parle de ce qu’on n’a pas vu, de ce qu’on aurait aimer voir. Peut -être de ce qu’il aurait fallu faire!
J’avais bien sur, déjà vu ce film plusieurs fois dans des conditions plus ou moins acceptables et toujours en privé. la mise en public rend les choses plus vulnérables , plus fragiles … plus vivantes.
On évoque ”le songe de la lumière” de Victor Ericé et ”dieu sait quoi” de Jean Daniel Pollet. Deux films qui, comme celui de Laurent, mettent en avant la lenteur des processus et la construction d’une pensée pratique qui prend place dans une constante sensibilité vibrante.
”A mesure d’homme” un film de laurent Ménochet , 90 minutes, production Almérie films et F.A.G. prod.