Après
Je rentre de Lyon.
Après-midi passée avec Anne Verdier et Salima Hellal à parler de l'exposition en cours et des projets. Nous avons marché à travers les salles, une bonne partie de l'après-midi. La collection de céramiques du musée est grandiose. Beaucoup de pièces archéologiques et un bel ensemble d’œuvres contemporaines. C’est, me dit Salima, la deuxièmes collection de céramiques d’Islam. Les bleus de Samarcande.
Aussi un bol oribe et un shino merveilleux…
J’aime bien écrire dans le train.
Mon cahier ouvert semble anachronique à côté des ordinateurs qui cliquettent dans le wagon. Le cahier ne fait pas de bruit. Le stylo glisse sur le paysage. Campagne silencieuse, inhabitée.
Je me souviens des campagnes Vietnamiennes. Il y avait toujours beaucoup de monde à travailler. Des vélos et beaucoup d’animaux. Là, il n’y a personne.
Pourquoi j’écris et pour qui ?
J’écris pour moi, c’est sûr. Ça me rassure. J’écris pour On.
On lira, je sais qu’On lira puisqu’On me le dit. Mais je n’en connais ni les mains, ni le visage. J’écris pour après. Quand ce sera lu, puisqu’On m’en parle et qu’On me demande parfois de lire.
L’écriture vient après. Après le travail de la terre, après la sensation. Elle ponctue et relit (relie) les journées d’hésitation. Elle dit la dimension. Le passé des pièces et les visions qui les ont accompagnées. Elle dit les à-côtés.
Un écrivain -je ne sais plus qui- a dit que pour écrire il faut d’abord écrire (je crois que c’est Le Cléziot).
C’est précisément là que je me situe : Dans le d’abord. Et plus tard j’écrirai … peut-être.
Après.
Je continuerai en tous cas à faire des pots, Je continuerai à travailler la terre et à l’écrire. C’est ma façon de creuser, ma façon d’aller au charbon. Un retour en arrière sur les origines.
Salima nous a parlé de l'importance de la notice qui accompagne les pièces de la collection. Enrichir par la documentation tout ce qui constitue l'environnement de la pièce conservée pour pouvoir l'étudier dans son contexte. C'est le rôle de la conservatrice.
J'écris donc pour la notice.
À travers la vitre du train, le cahier vole.