délicate et dévoré
dû à un temps de travail extrêmement chargé. « Délicate et dévoré » L’exposition galerie accro terre est en place. Il m’aura fallu beaucoup de temps pour me mettre au clair sur ce travail à deux. Peut être parce que nous ne nous connaissions pas beaucoup et que cette invitation me fut lancée par Anne Xiradakis avec simplement l’intuition que ça pouvait marcher. Nous avons cru au début de cette histoire pouvoir travailler comme l’autre : Anne a essayé de faire des pièces comme je les fais, et j’ai essayé de mon côté de répondre à la commande, tentant de fabriquer des gobelets qu’Anne avait visualisés. Mais ni l’un, ni l’autre n’arrivions à quoi que ce soit . Pourquoi d’un coup, croire qu’il est possible de se glisser dans la peau des autres? Pourquoi s’imaginer qu’il est possible de remplacer un auteur dans ce qu’il a de plus singulier : la pratique qu’il a mis en œuvre. Il m’a fallu du temps pour renoncer et reprendre le cours de mon travail. En cherchant juste comment je pourrais frôler l’univers d’Anne, sans pour autant remettre en cause le mien. Tout, alors, s’est éclairé. Il a suffit simplement d ’imaginer comment, de mon point de vue, je pouvais répondre aux demandes imposées par le repas … faire les couverts, cuire les ustensiles, comme si je les faisais pour moi. Et tout mettre ensemble sur la table… Mon travail et le sien, juste pour partager. Partager le temps, l’espace, partager le petit décalage que nous allions alors proposer aux invités. Tout s’est joué sur ces décalages : Changer les hauteurs de dégustation, changer les gestes, revenir à des sensations enfantines pour changer notre relation aux aliments et du coup, changer aussi celle qui nous relie aux autres convives. Les invitations étaient lancées avec la volonté de mélanger les genres, de mixer les origines et les préoccupations. Le boulanger, quelques artistes, directrices de lieux d’art, les maraichers, galeriste et collectionneurs ont constitué l’ensemble des participants aux repas. Je retrouvais là l’idée que j’avais voulu mettre en place lors du banquet d’Amiens en 2001. Il y a en fait beaucoup de points communs entre ce que je cherche dans mon travail et ce que cherche Anne par le sien. Même si les formes qui en résultent et leurs processus de réalisations sont très différents. Mais la simplicité et l’évidence des objets qu’elle propose me touche. Son intuition fut bonne, et le travail a deux a pu devenir travail à trois, Coralie Courbet réalisant le film qui le documente. L'image ici est de jacques Morhaïm
« Délicate et dévoré » exposition galerie accro-terre 11 rue émile lepeu 75011 Paris tel: 06 12 26 89 43 du mercredi au samedi jusqu’au 13 juillet