des chemins de terre
Contre- coup des dernières expositions :
un gros coup de fatigue qui m'a tenu hors de l’atelier pour quelques semaines. je reprends pieds doucement en faisant le ménage.
J’en profite pour trier au sein du stock, les pièces que je n’assume plus. Soit qu’elles étaient mal cuites et qu’elles ont viré, soit que c’étaient des fausses pistes, essayées bien souvent en désespoir de cause pendant de grands moments d’hésitations.
Je casse à tout va et retrouve par-là la grande tradition des casse-tout. Ces camelots qui vendaient la vaisselle sur les marchés à grands cris, en en cassant des piles entières. De quoi effrayer les chalands dont certains, coincés par l’émotion, achetaient pour empêcher le geste sacrilège, des assiettes inutiles qui allaient comme les autres, remplir les placards.
On ne casse pas la vaisselle sans raison. D’aucuns disent que ça porte malheur. D’autres au contraire pratiquent cette tradition à l’occasion des mariages ou des enterrements pour chasser les mauvais esprits.
Je le fais juste pour retrouver un peu d’espace dans l’atelier… et dans ma tête.
Le trop plein m’encombre.
La terre que j’utilise actuellement est trop dure, une fois cuite, pour je puisse en faire de la chamotte ( je n’ai pas de broyeur pour ça). Je pilonne donc les pièces et en fais des chemins qui faciliteront l’accès aux champs pour nourrir les bœufs, l’hiver. Des chemins d’erreurs et de ratées. Des chemins de chaos.
La terre retourne à la terre et sera bientôt recouverte par l’herbe. Enfouissant loin du regard toutes les erreurs que j’ai pu faire !