et voilà l'travail !
J’aime toujours particulièrement ces moments de lecture publique.
Et là, pour la première fois, je me faisais accompagner.
Samuel Frin que j’avais vraiment apprécié dans le projet « malaxe » et que j’ai entendu, par ailleurs, accompagner mon amie Guylaine Cosseron, lors de lectures chantées de Gherasim Luca, a bien voulu se prêter au jeu. Un saxo basse grumeleux très attentif et très attentionné. Cherchant pour chaque nature de texte une sonorité, une matière particulière. Prolongeant, illustrant sans jamais les recouvrir vraiment, les mots que je prononce. De la douceur brute. Du grain, du souffle, de la salive.
La lecture a fait partie de la programmation du festival « l’oreille perchée ». Festival de musique improvisée qui tous les ans au mois de juin clôture la saison de la salle du DOC. Cette année l’orchestre de musique expérimentale attaché à ce lieu (le OMEDOC) a travaillé sur … le travail ! J’ai répondu à l’invitation en proposant une sélection aléatoire de textes extraits d’une part de ce journal d’atelier, d’autre part de l’Art de de terre de Bernard Palissy et des pages du catalogue Enitherm de 2012 (lecture des listes d’émaux, couleurs égrenées de pages en pages d’une poésie enivrante. Une ritournelle.)
Je m’entoure souvent lors de ces lectures de quelque objet fétiche pour me tenir compagnie face au public. Un peu de matière sur quoi m’appuyer. Des pierres, un bol ou pour l’occasion un outil rituel : un plantoir. Le bois de celui-ci a été ramassé lors d’une promenade musicale dont le titre « la démesure du pas » annonçait à lui seul comment nous allions déambuler dans une nature augmentée de sons, nous permettant de ressentir la vraie mesure du paysage. Une performance qui a eu lieu au sein de ce même festival, la semaine passée.
Un outil supplémentaire dans l’atelier de mécanique où la lecture se déroulait
Le plantoir restera dans la collection du DOC, les mots peut -être resteront accrochés aux murs comme ces vieux outils sur le pignon de la grange. Le devenir des mots est toujours mystérieux. Ils rencontrent les histoires particulières des personnes venues écouter. Se heurtent à leur passé, l’éclaire parfois ou au contraire en livre la véritable gravité.
L’intimité seule est universelle.
C’est ce constat qui me pousse à écrire sans tabous mes peurs et mes sourires. Et je vois dans les yeux de ceux qui m’écoutent à quel point ce peut être partagé.
La lecture intitulée “et voilà l’travail ! “ accompagnée par Samuel Frin au saxo basse a eu lieu le 19 juin 2022 dans l’atelier de mécanique de la ferme de Bremoy à Torteval dans le cadre du festival l’Oreille perchée.
image: Hervé Jezequel
“De l'art de terre , de son utilité, des esmaux et du feu“ Bernard Palissy edition l'échoppe 1989