L’éloignement
Quand on n’y est plus,
On y est encore !
Interdit de travail par la médecine (Je dois fuir la poussière), je reste alors dans mon bureau à trier, sauvegarder et mener quelques opérations informatiques que d’ordinaire je repousse.
J’ai corrigé et sauvegardé tous les textes de mon journal ! Je devais le faire depuis un moment … c’est fait !
Et je continue à dessiner quelques cartes postales un peu tous les jours.
J’ai pris le parti pour les dernières de ne travailler qu’avec les trois couleurs Tang. Comme des cartes qui arriveraient de chine !
Je traîne quand même un peu à l’atelier. Je vais y voir ce qu’il faudra que je fasse dès que mes yeux me le permettront. Impossible de complètement couper. Impossible d’arrêter l’histoire si brutalement. Je repense au grand-père qui hantait cette briqueterie dans le Beaujolais lorsque j’allais y travailler. Il y avait passé sa vie entière et ne pouvait se résoudre à laisser son fils reprendre. On le voyait errer dans les ateliers. Il venait juste vérifier. Peut-être simplement vérifier qu’il était encore vivant ?
Et puis il y a des images sans arrêt qui apparaissent dans ma tête, de sculptures à faire, de pots et de bols.
Avant de me faire opérer, j’ai préparé de la terre, préparé aussi mes émaux et biscuité une petite série de sculptures (la suite des Indiennes).
Le plein de gaz est fait aussi. Tout est prêt pour que je reprenne.
J’ai trouvé sur internet deux catalogues de A.R. PENCK. Sur un des deux : quelques dessins préparatoires de sculptures. Des choses très vives, des visions jetées sur le papier sans aucune volonté de plaire. De l’énergie pure.
Il n’y aura plus qu’à s’y remettre comme si de rien n’était. Avec juste des yeux neufs qui, je l’espère verront un peu mieux qu’avant.