Le champ d'horreur
Au loin, le fracas des bombes.
Tout s’éloigne d’une hypothétique harmonie. Il ne me reste qu’à constater l’impensable, regarder ce qui se passe, écouter les nouvelles.
Les déchirements, les écroulements tragiques.
Il ne me reste que l’atelier : le capharnaüm, le lieu du consolateur. Refuge où je m’isole un peu de la barbarie. Je pensais, du moins, m’en isoler car encore une fois le bruit me revient, traverse les champs et franchit la porte. Les pleurs lointains, les cris.
Pourrais-je faire d’autres choses que des pots cassés ? Des pots griffés de colère. Criblés.
Plus rien ne peut être beau, plus rien d’humain.
Je fais des pots avec les seules armes dont je dispose : mes mains et quelques outils issus eux aussi des bunkers : Des bouts de fer reforgés pour ne rien perdre.
Puis une aiguille de buis.
Tout parait un peu dérisoire, mais que faire d’autre sinon continuer ?
« Bon qu’à ça », alors ne pas s’arrêter ou plus rien ne tiendrait de toutes mes histoires.
Ne pas rester à terre. Atterré. Et tenter de faire comme si tout allait passer par ces quelques formes, ces quelques pots qui font ce qu’ils peuvent pour tenir debout, fendus, ouverts et prêts à recevoir des litres et des litres de larmes.