la raison des deux pièces

22 dec. 19

Deux pièces qui se retrouvent ensemble

au hasard des déplacements domestiques. Et qui à elles seules font le tour de ce que je cherche… L’une en porcelaine tournée il y a quelques années (c’était à Amiens pour Amiens terre -feu en 2001) et l’autre, comme un paysage en terre à briques. Modelée l’année dernière. Raccourci des vingt dernières années d’atelier. De mes dernières tentatives de travail à hautes températures qui parlaient déjà d’accidents, de fractures et d’émail approximatif, jusqu’à l’affirmation d’un modelage intuitif émaillé brutalement. La main, la terre et le pinceau. Les doigts et la couleur.
La difformité a sa propre élégance. Il faut considérer les éraflures et y percevoir la possibilité d’une forme inattendue … Tout pourrait paraitre plus simple si on parlait des dégoulinures du temps, des catastrophes intimes, des cicatrices. Si on pouvait évoquer les traces laissées par les expériences vécues. C’est, en fait, une question de rapport au temps. Ne pas se projeter, ne pas prévoir mais regarder. Faire avec ce que l’on voit au moment où l'on fait. What you see is what you see. Rien d’autre. Essayer au fur et à mesure d’accompagner ce qui arrive et découvrir le chemin qui s’ouvre… quitte à se perdre. Quitte à ne jamais arriver. Mais il n’y a pas de but. Pas d’autre raison que de vivre ce qui s’offre.