les pots façonnés

10 may. 14
François me redisait hier se souvenir du geste d’Alimata portant le pot,

bras tendu, tête légèrement penchée pour en vérifier la courbure de la panse. Il faudra quand même dire, un jour, à quel point le tour a fait du mal à la poterie. Uniformisant la courbe, ne rendant visible la forme que d’un point de vue unique. Préférant nous laisser dans une immobilité qui suffirait d’un regard à voir l’ensemble ; J’imagine les paysans - tronçonneuses et bulldozers - arrachant, arasant les haies pour que « ça fasse plus propre » Le tour aussi fait plus propre et gomme les traces vivantes de la main. Lisse la terre pour que plus rien n’y soit lisible. Gomme aussi la danse que l’on se doit de faire pour le construire … C’est parce qu’on le modèle en  tournant autour du pot  qu’il devient, pour un instant, le centre du monde. Le tour, lui, met en avant le potier dans une dextérité brillante qui stérilise toutes nos images.  Les pots façonnés nous parlent de paysages luxuriants, de la gravité de nos histoires et de nos danses incertaines.