les rayons verts

08 jun. 25

Je ne vais pas la jouer pleurnichard,

mais j’ai vraiment du mal à trouver l’énergie nécessaire au moindre pas dans le travail.
Du mal à trouver le petit déclic qui me pousse habituellement à l’atelier. Je me sens comme un moteur qui n’aurait plus de condensateur, il me manque ce petit coup de jus, et les choses s’éloignent me laissant un arrière-gout d’impuissance et de tristesse.
Heureusement la nuit, la fabrication des carnets me tient à l’écart de la folie. Je compense en imprimant, pliant et cousant.
Le plus important étant le lien que je retisse en les envoyant pour mettre en place une « fraternité du carnet ».
Puis, quand même, petit à petit j’arrive à retrouver le chemin de l’atelier reprenant les bols modelés pendant le temps des séances de rayons. Je travaille toujours par séries.
Que je fasse des pots (la somme-noir, les idoles) ou des sculptures (les monuments, les indiennes) je mets à chaque fois en place une façon d’émailler, un principe de construction égrenant au fil du temps un vocabulaire, glossaire général d’une pratique personnelle.
La dernière série réalisée est donc la série des bols « les rayons verts » bols modelés chaque jour au retour de la clinique et émaillés depuis de vernis de plomb au cuivre. Un jeu de verts brillants sur une cuisson intermédiaire d’engobes.
Cette idée de série provient certainement de mon apprentissage… dans l’atelier où je travaillais, on spécialisait les jours de tournage : un jour les bols, un jour les pichets etc.
Par commodité, par efficacité aussi. Ce rythme est resté dans mon travail car il est certainement très attaché au travail de la terre, enraciné dans son histoire. Tous les jours le passé artisanal de notre pratique transparait dans l’organisation même de nos désirs. Brouillant parfois les pistes de lecture.
Il faudrait que je trouve un autre mot pour mes bols me disait Claude C.

image : bol de la série des "rayons verts" diam:16 x H:16cm 2025