l'infime avancée
Le travail se construit au fil des expériences,
conjuguant matériaux, outils et gestes personnels constitutifs de ce que l’on repère comme la singularité mise en œuvre. Les habitudes créent, à la longue, une écriture. Un ensemble de résultats qui s’enchainent et que l’on doit plus à une pratique répétée qu’à de réelles décisions maitrisées et prises en toute conscience … dans le flot continu de l’activité. Les choses naissent et apparaissent comme faisant partie de la même famille, comme étant issues du même auteur.
Il n’est de confrontations qui ne s’accompagnent d’un total lâcher de ce qui pourrait s’apparenter au style. Le travail à quatre mains me sert toujours à ça : à aller ailleurs que là où me mènent mes mains seules, ailleurs que dans les contrées habituellement visitées, sans peurs de produire une œuvre qui ne serait pas reconnaissable. Ne serait ce pas là la véritable qualité de la sculpture? Une œuvre qui sortirait du contexte personnel pour ne plus parler que de questions inhérentes au fait même de travailler la terre et de la cuire.. c’est alors que naissent les peurs : plus rien à quoi se raccrocher. Plus de réflexes, plus de trucs, juste l’aventure sans héros et sans gloire avec parfois, en récompense le frémissement passager à la vue d’un résultat qui me fait penser que je touche là une sensation nouvelle. Un contentement qui ne dure que quelques instants et qui très vite fait place à la frustration … celle qui nous pousse à réessayer, à refaire un pas, pour voir plus loin que l’horizon. Mais comme toujours, l’horizon aussi se déplace, et le pas semble alors si infime face à l’immensité des possibles.