nous sommes des ouvriers
”Nous sommes des ouvriers dont la journée ne se termine jamais”
Cette phrase un peu romantique, un peu emphatique est écrite sur un des murs de l’exposition Rodin au musée des Beaux Arts de Montreal. Elle résume assez bien le rapport que l’on entretient avec le travail dans nos pratiques … pour peu que celles ci soient plus proches de l’aventure de la fabrication que des concepts abstraits. L’exposition montre bien cette relation à la matière… et comment elle peut faire naître une pensée aux formes nouvelles.
Nos pas nous ont portés aussi dans le symposium de sculpture des jardins précambriens de Val David (Québec) … là, comme partout dans ce type de symposium, on rencontre des oeuvres issues d’un certain académisme. Loin des premières expériences des artistes se confrontant à la nature, tout dans ce domaine est maintenant codifié. La plupart des pièces semblent faites pour faire ”une belle image” et peu tirent leur épingle du jeu. Il faut alors beaucoup de mots pour accompagner les oeuvres maladroites. Beaucoup de concepts approximatifs qui tentent de justifier les faiblesses apparentes, qui tentent de rattraper les effondrements… beaucoup d’effets démonstratifs pour justifier des actes posés sans nécessité. Peu d’oeuvres finalement nous amènent au silence, par leur simple présence au monde. Les plus réussies sont souvent les plus discrètes, alliant juste le concept nécessaire au risque du travail. À l’image de ces crayons plantés dans les arbres dont ils sont certainement issus autant que notre culture est issue de notre relation constante à la nature. À l’image aussi de ces petits assemblages de pièces antiques et de parties de moulages que Rodin faisait dans son atelier et que l’on a mis des années à comprendre comme une partie de son œuvre des plus prémonitoire de ce qu’allait, à sa suite, devenir la sculpture.