retour à la terre
21 aug. 14
j’ai toujours tendance à oublier de signer mes pièces …
naturellement, je ne le fais pas. Simplement parce que ça ne m’intéresse pas et donc, je n’y pense pas. Il n’y a pas au départ de volonté particulière. Shoji Hamada ne signait pas son travail affirmant que seules les pièces étaient ses réelles signatures … Je serais assez facilement de cet avis, mais pas au point de prendre à cet égard, une décision définitive. Par plaisanterie d’abord, il y a 30 ans, j’ai opté pour l’estampillage (je préparais alors une exposition galerie Arcadie à Lyon avec André Gutman.) Mais pour me démarquer de la grande tradition asiatique qui consistait à apposer son cachet fait spécialement et portant sa propre marque, j’ai choisi d’estampiller au pied de mes pièces, un petit objet industriel. Le contraire d’une signature personnelle. Là, tout le monde peut l’utiliser. Tout le monde peut le trouver, l’acheter et posséder ainsi un vrai cachet qui pourrait, sans falsifier, copier ma ”signature ”. Si besoin, seules les traces de mes mains pourront attester de l'authenticité de l'origine des œuvres. L’intérêt pratique dans le choix de cet objet, est que d’une part, si je le perds je peux en racheter, et surtout qu'il se décline en plein de tailles différentes, qui me permettent d’adapter la signature à la taille des pièces. Il s’agit d’un petit Domino électrique, qui à l’époque résonnait avec le titre d’édition de mes premiers textes: ”édition prise de terre”. Titre qui mettait en avant l’éternel retour des énergies à la terre. Ces dominos à vis se font de plus en plus rares, remplacés par les dominos automatiques. Il faudra donc que j’en stocke un certain nombre. Mais à chaque fois que je signe, à chaque fois que j’appose ce cachet, je repense à cette idée : ”retournons à la terre” à l’instar du vieil oncle Vania dans ”pourquoi j’ai mangé mon père” qui criait sans cesse ”back to the trees!”, comme une ultime recommandation.