Zen ou simplement gène?
L’espace semble serein, calme,
saupoudré de blocs de pierre rouges tombés çà et là comme par hasard, et formant un ensemble finalement assez réussi. On est loin pourtant du jardin du temple Ryöan-gi. La présence proche de la route et du centre commercial nous font renoncer à toute tentative de méditation. On est loin, il est vrai, des jardins Zen où l’herbe et le roc servent une vison élémentaire du monde. Là, c’est la volonté d’éloigner les nomades qui règne, la volonté de se protéger d’une occupation qui nuirait à l’image de la ville. Personne ne doit stationner là, surtout pas ceux qui vivent en caravane, qui dérangeraient la tranquillité des commerçants apeurés. Les jardins ne sont pas tous à l’image des mixed-borders. Ils peuvent aussi porter des idées parano … Les pierres ici, semblent provenir d’une gigantesque catapulte qui aurait fait fuir les envahisseurs. Du coup, j’ai toujours un peu honte en longeant ces espaces interdits. Comment des jardiniers qui, il n'y a pas si longtemps encore, refusaient l'uniforme des domestiques, ne se disant qu'au service des plantes, comment peuvent-ils aujourd'hui servir, ces politqiues repressives ? Les jardins, les espaces verts, ne sont pas que des espaces de décoration. ils sont la preuve du pouvoir exercé sur le sauvage... et le sauvage, maintenant, vit en caravane.