l'entre temps
J’ai beaucoup regardé les pièces sécher aujourd’hui.
Autant dire que je n’ai pas fait grand-chose... autant dire que j’ai laissé faire ; j’ai vu au long de la journée de tout petits changements : L’éclaircissement des crêtes.
Je n’ai rien fait d’autre. Regarder. Vérifier, surveiller, accompagner le séchage pour que rien de fâcheux n’arrive. Je ne voulais pas sortir les pièces dehors. Elles ont de trop grosses épaisseurs. Le séchage doit être lent au départ. Mais surtout il doit être régulier, sans à-coup, sans coup de chaleur qui par endroit provoquerait des craques.
J’ai traîné, écouté la radio et déplacé légèrement les pièces pour les extraire du soleil, qui passe au travers des fenêtres. Les garder au frais.
En fait, on ne voit pas vraiment les changements mais on les pressent. On sent la terre se durcir, se resserrer. On sent les risques aussi, au vu des parties qui sèchent trop vite. Certaines de mes pièces sont facile à sécher, l’épaisseur en est régulière. Pour les autres, je dois être attentif, soigneux.
Soigneux ! C’est un mot curieux auprès de mon travail ! Mais il est important par moments de prendre soin de ce que l’on fait. Comme il faut aussi prendre soin de nous. La brutalité du modelage comporte en elle-même cette obligation, sinon tout s’effacerait des marques, des traces et des recouvrements. Tout disparaitrait dans un illisible chaos. Il faut donc prendre soin des pièces, éviter de les mettre en danger et, seul dans l’atelier, leur tenir compagnie.
J’ai traîné, regardé dehors, observé dans la cour, les tours des hirondelles arrivées il y a une semaine… j'ai travaillé.
image: trace de feu dehors, devant l'atelier, parsemée de pétales de merisier.