le métier
c’est ça que j’ai appris à faire! Mais il m’en aura fallu des allers-retours, des circonvolutions, des digressions. Il m’aura fallu prendre des routes aventureuses pas toujours très bien balisées, des chemins parallèles et des voies sans issue. Avant d’assumer simplement de faire de la poterie. Je reprends ce chemin avec une grande excitation. Je retrouve cette envie qui ne m’a jamais vraiment quittée : faire des pots, juste pour construire autour du vide, et réfléchir à ce que pourrait en être le décor. Ça paraît tellement simple de retrouver cette filiation et de se positionner dans la continuité de cette histoire : Je fais des pots comme on en a toujours fait et comme on en fera encore un sacré moment. On a l’impression que depuis qu’on est homme on fait de la poterie. Pourtant, on a peint sur les murs avant de décorer les ventres des jarres, on a modelé des sculptures avant de façonner des urnes. Je fais donc des pots comme on en fait depuis vingt mille ans, peut –être. Même si les faire maintenant, relève d’une démarche qui n’a plus rien d’artisanale. Régulièrement j’y suis revenu, cherchant un sens profond à ce geste. Un sens qui pourrait pour ma part s’apparenter à la sculpture, mais une sculpture qui n’en aurait pas l’air et qui resterait à taille humaine. Il pourrait être question de peinture, mais une peinture qui se détache du sérieux du tableau. Et qui ne s’encombre pas de sa trop lourde histoire. il n'est en fait question que de ceramique. Tout se passe dans l’humilité d’une forme qui nous parle de nous, simplement, de notre ventre et de notre peau.
Il y a quarante ans je quittais la maison familiale pour aller faire des pots … aujourd’hui, enfin, je les fais.