Les nuits graphiques
Les grandes plages d’insomnies
sont traversées par des épisodes de dessins acharnés.
Je dessine en espérant trouver l’épuisement qui me fera retrouver le sommeil. Je dessine quoiqu’il se produise … quoique je produise et peu de choses restent.
Je parcours les livres : kirkeby, Penck, Lüperz, Guston… vole un trait, une couleur.
La lumière de la lune. Le silence de la maison, l’odeur des vieux bocaux de peinture acrylique. Le bruit du papier que j’arrache du bloc.
J’ai acheté des nouvelles brosses. Des N° 2.
Les manches des N°4 sont déjà moins souples. Les N°2 transmettent mieux les petits mouvements du poignet.
C’est le corps qui fait le trait, le corps entier. En ça, le dessin est proche du modelage. Il ne peut être fait du bout des doigts, c’est une question d’engagement.
Même sur les petits formats, il faut savoir où on met les pieds.
Et comment.
La couleur, elle, est affaire de lumière et bien souvent le matin est sans pitié. La clarté du jour m’oblige là encore à faire un peu de tri, même si la surprise peut parfois m’amener à dépasser mes attentes.
Puis, la nuit s’éloigne, laissant place au temps de l’écriture, au temps du modelage.
image : le sol de l'atelier au matin