retour de stage

01 aug. 14
« Il faut perdre le sentier … le perdre pour le retrouver ». G.Penone

 Le travail entraine le travail … et celui-ci nous déborde parfois au point de perdre nos amers. Au point de perdre les objectifs, pour se retrouver sur des chemins parallèles … moins prévus, mais certainement plus justes car provoqués par les moments vécus. Cinq journées dans la chaleur orageuse à travailler ensemble … à modeler, cuire et réfléchir un instant sur ce qui constitue alors les œuvres finies. Cinq jours près du gros four endormi témoin de nos hésitations. Cinq jours à casser les règles apprises, celles dictées par les livres qui nous expliquent comment faire. Comme si tout le monde devait faire pareil, sans tenir compte de sa propre histoire, de son propre parcours, de ses propres expériences … Les vraies règles ne sont que personnelles. Elles se mettent en place toutes seules pour borner les contours de la pensée, et ne se discutent pas … on les élabore, on les énonce… simplement, pour défricher un bout du territoire à explorer (je ne suis même pas sûr qu’on les mette en place … peut-être se fixent-elles elles-mêmes sans que l’on maitrise quoique ce soit … par nécessité. ). Seule la volonté de mener à bien les œuvres, décide de comment on les fera pour en préserver le sens tout au long de la réalisation. Le modelage est rapide et permet de multiplier les supports, mais plus il y aura de pièces réalisées, plus il y aura de cuissons à faire et le temps parfois arrive à manquer. Passé les premières petites déceptions, les cuissons se déroulent dans une frénésie qui constamment nous invite à recuire, à re - tenter à ré - essayer les mélanges; rien ne doit être mis de côté, tout est utilisable. Ne rien juger à priori : c’est une des grandes difficultés à dépasser. Les résultats sont ce qu’ils sont dans leur multitude … et peuvent par moments nous ouvrir les yeux sur des rivages insoupçonnés. C’est une question de disponibilité et de regard jeté sur l’imprévu. Impossible de contracter les heures, impossible de passer outre les étapes nécessaires et le temps finit par nous manquer. Il faudra faire vite ; commenter rapidement les parti-pris d’exposition, les mises en relations. L’espace s’ouvre et tout l’environnement devient atelier. Une journée de plus aurait finalement été nécessaire … mais tant de choses déjà ont pu être entrevues! Tant d’idées ont pu être échangées. Les remises en questions sont toujours perturbantes, et je ne pense pas, sur ce point, être très rassurant. Ne délivrant aucune recette, aucune solution toute faite. Proposant juste à chacune de trouver le sentier qui mènera à ses propres découvertes.
Depuis, une fois rentré, j’ai remis l’atelier dans sa forme estivale, sorti le auvent pour m’abriter des pluies orageuses, et profiter du soleil d’été pour travailler dehors. J’ai repris doucement le modelage entouré des cris et des rires des enfants venus passer les vacances avec nous. Refaire quelques pierres et me plonger pas à pas dans l’exposition de septembre.