à propos des bocaux de Coralie Courbet (2012)
« Cuire » : préparer par le feu.
Le verbe commun à la cuisine et à l’atelier éclaire sans mystères cet ensemble de pièces : « les bocaux » ; réalisés en même temps et dans le même espace de cuisson que ceux qui conserveront les légumes du jardin, ceux-ci conservent les petits extraits d’univers qui, l’entourant, constituent le monde crée par Coralie Courbet.
Notes de voyages ou souvenirs de pièces anciennes, petites choses glanées au hasard des jours, objets insignifiants (mais pas insanes), tout est systématiquement collecté et conservé ici, en milieu stérile. Stocké comme on range les confitures. Chaque bocal est le raccourci calme et silencieux d’un monde où les conflits et les expérimentations eurent lieu. Chaque bocal est saisi par la cuisson. Figés dans une immobilité qui semble dépasser notre temps, ils nous placent hors de la sphère et nous obligent à la contemplation. Il faudrait le collier de Micromegas pour y percevoir les métamorphoses passées. Regarder à travers les diamants ces bijoux enfermés qui, accumulés, tentent la re-création d’une histoire personnelle. C’est par ce jeu du géant et du nain - étant là plus grand que l’espace que l’on contemple - que l’on peut peut-être entrevoir ce qui, inexorablement, nous pousse a continuer à vivre. « Les bocaux », alignés sur les étagères, nous rappellent simplement que la céramique fut d’abord une préoccupation quotidienne. Qu’elle fut liée à la conservation des aliments récoltés et que, par ce fait, elle reste une activité dont dépend, un moment, notre propre survie.
PG